(kat dennings) t'es pas mouru l'âne, t'es pas mouru

and now that's my story
« MAXYYYYYYNE !!!! RAMENES TOI ICI IMMEDIATEMENT !!!!! PUTAIN TU FAIS CHIER !!!! MAAAAAAAAAAAAX !!!!!!!! » …. « MAXYNE ! Espèce de sale gosse putain, tu me sers à rien ! J’aurais dû faire avorter ta sale mère ou te planter quand t’étais encore dans son bide ! Tu me sers à riens !!! » … « PUTAIN MAXYNE !!!! Tu vois bien que j’bosse !!! NETTOIE MOI TOUTE CETTE MERDE ! » … « T’es qu’une moins que rien, tu finiras au bas fond, une pauvre sous merde ! Comme ta pauvre mère ! Crevée dans une ruelle, tu finiras comme elle ! »

Ouais l’amour d’un père parfois, c’est vache. Mais pas la belle vache qui rumine et qui fais « meuh ». Mon père, ce connard. En fait, rien ne me disait vraiment que c’était mon père, qui sait ? Ma mère a certainement eu une aventure et PAF j’suis arrivée, un peu comme du Chocapic pas voulu. Et puis … ouais, ma mère est morte. Lâchement assassinée quand j’avais 5 piges. Je suis restée avec mon vieux, un dealer de drogue et un trafiquant un peu en tout genres … surtout en femme. Ouais, mon quotidien c’était les coups, les insultes et ces regards dégueulasses. C’est fou comment une pauvre gamine peut vivre là-dedans hein ? Sauf que dans ma tête de brunette, fallait que je me casse. Et je l’ai fait. Le vieux faisait hurler une fille, pas hurler de plaisir, elle pleurait en même temps. Alors, j’ai pris mes cliques, mes claques et j’ai fugué. Mine de rien, une gosse qui dénonce son vieux à 10 ans, ça fou les boules non ? Je trouvais ma vie et la vie réelle … irréalistes. C’était juste impossible tout ça. Vivre dans un cauchemar, sortir de ça et partir dans une vie normale. Partir de l’enfer pour aller au paradis, voilà comment a été mon adolescence. N’empêche, ce vieux bougre m’a endurci mine de rien. Je n’étais pas cette gosse apeurée, j’étais aussi vulgaire que lui. Je me souviens avoir regardé le flic qui pensait que je racontais des salades : « Monsieur. Vous croyez VRAIMENT que j’ai que ça à foutre que de partir de chez moi ? Allez voir à l’adresse et ensuite on verra qui s’est … la menteuse » … une sale gosse j’vous dis. Bon, il a eu une sacrée surprise le flic et le vieux aussi, parti en taule … quant à moi ? Une famille d’accueil. Elle était chouette en plus. Bref, tout est bien qui finit bien blablabla … les années ont passé et dans cette famille d’accueil, j’étais pas la seule jeune, ils avaient la leur, elle est devenue ma petite sœur au fil du temps, elle s’appelait Rosaleen, et cette petite blondinette, je l’adorais. Rosie avait tout imaginé, cette gosse, du haut de ses 8 ans, avec sa robe de princesse et sa couronne : « Et bah même que … moi, je serais mariée avec un beau garçon et pi toi aussi, même qu’on aura un mariage de princesse et qu’on aura la même robe toute blanche ! » « nan, moi c’est rouge ou noir … le blanc ça tâche et s’moche », Rosie m’a regardé et a soupiré : « Maxyne, t’es pas drôle … bon … t’auras une belle robe rouge alors … et pi j’aurais pu cet appareil … ». Ouais … on aurait pu grandir comme des gosses normales.

Je ne me souviens plus très bien quand ça s’est produit, tout ce que je sais, c’est qu’on est devenu deux gosses à la rue. The pulse … on va mettre ce nom à ce qu’il s’est produit. J’avais 13 ans quand ça s’est produit, Rosie en avait 11, elle était terrifiée, moi aussi, mais je voulais me montrer forte. Montrer que j’étais une pré-pubère du tonnerre comme dans les bouquins où les héroïnes n’ont besoin de personne. Ouais, bien sûr, mon cul … Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on a réussi, enfin, grâce à sa bouille de blonde toute mignonne, à se faire accepter assez rapidement par la résistance. Et puis, pour survivre, je me suis mise à voler, voler pour elle et moi. Nous avons grandis comme ça, soutenues et protégées par la résistance, volant pour notre survie. Vers mes 18 ans, j’ai dégoté mon job de serveuse de jour, il fallait bien du taffe non ? Et puis, je voulais faire paraître d’être « normale », me faire passer pour une femme fatale, au caractère bien pourri. Ouais … ça aurait pu être bien.

« NAAAAAAAN !!!!! NAAAAAAAAAN !! ENFOIRES !!!! ROSIE !!!! MA ROSIIIIIIE !!!! JVAIS VOUS BUTER !!!! MA ROSIIIIIIE !!!!! AAAAAAAAH !!!!!! »

Je me suis débattue, regardant son corps sans vie au sol. Hurlant, jurant, le cœur explosé dans ma poitrine, je voulais … je voulais courir auprès d’elle. Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Jamais. Ma Rosaleen. Nous étions en train de marcher avec trois pauvres types, des rebelles, comme nous. On marchait juste. Et puis, ils se sont mis à courir et nous aussi. Nous avons été reconnus. Et Rosie a été touchée. Je me suis retournée, elle venait de se faire tuer d’une balle dans la poitrine. J’ai couru vers elle. Ma Rosie, elle agonisait, me regardant avec un sourire, disant qu’elle rejoindrait ceux qu’elle aimait. Mais toi Rosie. Toi … je te veux auprès de moi. Ma Rosie, j’avais promis, je t’avais promis de te protéger. On m’a chopé et on m’a éloigné d’elle. Abandonnées par nos congénères, je me suis faite emmenée par ces fous furieux dans une sorte d’entrepôt où j’ai été torturée. C’est simple, j’étais couchée sur une table, un chiffon humide dans la bouche, un sac sur la tête et de l’eau sur la tronche, de l’eau pas forcément saine. Ils ont finalement cessé, estimant que je servais à que dalle, ils ont voulu me tuer … il était trois. JE les ai butés. Je ne sais pas comment, mais je me suis retrouvée libérée, je peinais à chercher de l’air et puis, j’ai réussi à choper le flingue d’un de ces types pour le buter et tirer sur les deux autres, avant de tituber et de tomber au sol, évanouie.

« Tu peux pas faire ça Max, tu viens à peine de te remettre … tu peux pas partir. Max ! Arrêtes tes conneries ! » je le regarde hors de moi. Je lui colle mon poing dans la gueule, me faisant mal au poing, lui cassant le nez, il saigne. « A cause d’eux, Rosie est morte. A cause d’eux J’AI failli y rester ! Comme des lâches ils sont partis ! VOUS FOUTEZ DMA GUEULE !!! BANDE DE LACHES !!! Hein ? Ouais … de belles paroles, ça fait les p’tits héros, mais en réalité, vous êtes juste des zéros vous …», bon sang. Première fois que mon souffle s’était perdu. J’avais serré des dents avant de laisser échapper un cri et de tomber à genoux. Je finis par me calmer après plusieurs minutes et reprendre mon souffle. Mes poumons ont décidé de se foutre de moi. Je les hais, comme je les hais tous, ces rebelles de mes fesses. Je m’étais relevée doucement, on m’apporte au moins de quoi tenir ce semblant d’asthme qui est apparu. J’accepte comme un dernier cadeau de leur part avant de m’en aller. Je les aimais, c’était ma famille, mais certains d’entre eux m’ont trahi. J’ai mis leur trahison pour nier l’éventualité, que désormais je suis paumée, complètement paumée, mais tout ce que je sais, c’est que je veux juste qu’on me laisse tranquille.

« Hey Max ! Envoie une bière ma poule ! » je souris et balance la bière à l’habitué, il tente vainement de m’avoir dans son lit, il se prend une raclée magistrale. On se marre. Ça fait 5 ans que j’ai fait mon deuil. 5 ans que je suis passée à autre chose, 5 ans que je fais deux taffes pour espérer survivre et me payer des ventolines. Et pourtant, je sais que ça fait 5 ans qu’il me surveille. Il est dans l’assemblée à me regarder dans l’ombre. Nos regards se croisent souvent, mais jamais aucun de nous n’avance vers l’autre. A vu d’œil, son nez s’est rétabli de mon poing dans sa face …