(eliza taylor-cotter) I found my drugs long time ago. It's you. And freedom.

and now that's my story
Avant The Pulse, la famille Howard était riche. Honteusement. Et après ... et bien, ils le sont restés. Sans embarras aucun.
Sauf pour leur fille aînée, Ellie.
Eliane "Ellie" Howard, jolie petite princesse aux boucles blondes, le genre de poupée qu'on aurait bien traîné aux goûters d'anniversaire dans sa robe à volants et ses chaussures vernies, de celles qu'on a envie d'exhiber, de vanter, avec cette fierté suffisante dont seuls les parents savent se parer.
Mais pour ça, il aurait fallu qu'elle se laisse faire. Dès son plus jeune âge, la gamine s'est évertuée à leur mettre la honte, littéralement, tant et si bien qu'elle avait à peine six ans quand ils comprirent que s'ils voulaient passer une soirée tranquille, soit il fallait trouver une baby-sitter, soit il fallait marchander dès la veille pour qu'elle se tienne.

Puis, il y eut The Pulse. Il n'est un secret pour personne que ce qui fut un drame pour tous devint une aubaine pour certains. Propriétaire d'une entreprise de distribution agro-alimentaire, les Howard n'eurent aucune difficulté à récupérer leurs marchés quand ils remontèrent à la surface. Ellie regarda d'une oeil mauvais, nauséeuse, sa famille profiter des pertes afin de les transformer en énorme profit. Derrière les grilles de son secteur ultra-protégé du North End, elle savait que les moins chanceux, les moins bien lotis, se disputaient jusqu'au rat de la ruelle pour rester en vie.
Au-delà du fait qu'elle ne trouvait pas ça juste, elle étouffait. Murs, pass, soirées mondaines confinées, gosses de la haute tous plus imbus d'eux-mêmes les uns que les autres, sans humour, sans rêve si ce n'était celui de la richesse, sans curiosité ... Quel intérêt ? Était-ce tout ce dont à quoi elle pouvait se permettre d'aspirer ? Elle voulait la liberté, même si cette dernière devait signifier moins de confort, moins de sécurité. Elle le clamait haut et fort mais personne ne semblait l'entendre. Personne ne prenait garde aux injonctions d'une adolescente qui brassait du vent. A part Alej. Son meilleur ami. Sa vie. Celui qui la connaissait mieux que quiconque. Il connaissait tout d'elle, de ses aspirations jusqu'à ses cauchemars les plus enfouis. Depuis qu'ils étaient tout petits, ils se suivaient telles deux ombres indissociables l'une de l'autre.

Néanmoins, il refusait de la suivre. Encore entravé par les chaînes du déterminisme, il repoussait sans cesse l'échéance. Et comme aucune existence n'aurait valu sans lui, Ellie restait. Elle faisait le mur mais revenait chaque matin dans sa jolie chambre, continuait à aller au lycée, à la fac - parce que oui, les gens comme elle y ont droit, eux -, à se faire conduire par le chauffeur personnel des Howard et à faire croire qu'elle évitait les endroits trop scabreux. Elle mimait une vie dont elle ne voulait pas. Jusqu'à ce soir-là. Jusqu'à ce que cette collision, celle qui avait failli les tuer, n'ouvre enfin les yeux de l'homme de sa vie. Ils plièrent bagages, quittèrent North End. En bus. Sans se retourner. Direction South End.

Aussi stupide que cela puisse paraître, ses quelques kilomètres de distance lui paraissent des milliers. Le quotidien avec les pauvres, les délaissés, les abandonnés, lui ont redonné ce souffle qui lui manquait. On aurait pu croire qu'eux, les gosses de riche, ne survivraient pas vingt-quatre heures dans la facette obscure de Seattle, mais ce serait mal les connaître. Peut-être est-ce pour cette raison, alors qu'ils savent très bien où ils se trouvent, que ses parents n'ont pas fait mine de la ramener pieds et poings liés. Ils ont enfin compris, pleinement et entièrement, qu'Ellie n'a jamais été une princesse. Ou alors, de celles qui pourfendent les dragons toutes seules.