(Mike Vogel) I'm gonna kick your ass

and now that's my story
Tout commence à Denver, Colorado. C'est là que je suis né, dans un quartier modeste, au sein d'une famille tout aussi modeste. Je vis avec mon père et ma tante qui squatte chez lui. Je n'ai jamais connu ma mère, morte quand je n'avais qu'un an. Ma grande sœur quant à elle, s'est barrée lorsqu'elle a eu sa majorité. Mon père étant militaire, il est souvent en mission et je grandis donc principalement en présence de ma tante, qui m'éduque comme elle peut, vivant de petits boulots qui lui valent des fréquentations douteuses. Dans le fond, je ne suis pas un mauvais garçon, au contraire. Mais pourtant, je suis un gosse turbulent, bagarreur, qui se fait exclure de plusieurs établissements scolaires, malgré le fait que je sois un élève moyen, pas non plus un cancre. Lorsque mon père rentre de mission, je subis son courroux et pourtant. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de recommencer sans arrêt, au grand désespoir de ma tante qui est souvent convoqué chez les directeurs des écoles. Je fais même un séjour en maison de redressement, à cause du fait que j'avais cambriolé une maison. Je sais c'est affreusement stupide, mais avec mes amis de l'époque, nous cherchions les sensations, cette montée d'adrénaline, cette connerie de l'adolescence. J'enchaîne déjà les aventures, ayant un réel succès auprès de la gente féminine. Surement mon côté bad boy qui fait son effet ? J'en sais foutrement rien, tout ce que je sais, c'est que ça me plaît ! Je me souviens encore que malgré tout, malgré que je savais pertinemment que ce ne serait pas une chose aisée, que je serais encadré, qu'on me donnerait des ordres, je rêvais de devenir militaire tout comme mon père. Je me disais que cela serait un bon moyen de canaliser toute la violence que j'ai en moi, tout le ressentiment, surement lié à la vie de famille quasi-inexistante dans laquelle j'ai grandi.

Je me souviens encore du moment où tout a commencé, où ça a été le bordel. Nous venions d'emménager à Seattle depuis quelques mois, car ma tante avait trouvé un nouveau boulot, un truc plutôt pas mal et mieux payer que ses boulots de merde habituels. Mon père était en mission en Afghanistan, je crois. Un pays dans le genre, j'étais seul chez-moi, avec ma tante. J'ai alors 17 ans, un âge qui fait que je suis totalement en mesure de me rendre compte de ce qu'il se passe vraiment, mais aussi en âge de m'en souvenir encore aujourd'hui. Pour la première fois de ma vie, j'ai eu réellement peur, j'ai réellement flippé. Ma tante a réagi immédiatement et on a suivi les consignes des autorités, nous réfugier sous terre. On a pris le strict minimum. Un truc caractéristique que j'ai embarqué, c'était une photo de mes parents, avec moi encore bébé, et ma soeur déjà plus grande. Ca peut paraître con, mais j'ai quand même toujours souhaité une famille, même si je me cachais derrière des apparences de gros dur, je n'en restais pas moins un gosse.

On a vécu 5 ans sous terre. C'était vraiment l'horreur, même pour moi qui n'étais pas vraiment du genre sensible, matérialiste ou attaché à son confort, là, c'était carrément indécent. L'hygiène, c'était l'horreur, on vivait dans la crasse, je ne me suis jamais senti aussi sale. Le plus dur dans tout ça, dans toute cette vie de putain d'animal terré à se planquer, c'est quand vous vous souvenez de ce qu'était votre vie avant tout ça. Quand vous vous souvenez à quoi ressemblait la vie normale, votre vie normale, aussi merdique soit-elle. En plus de ça, mon père devait surement être mort à l'heure qu'il est, ou en tout cas, je n'aurais plus aucune chance de le revoir, et même si je ne montrais rien, que je continuais de faire mon gaillard qui n'a peur de rien, au fond de moi, j'avais une putain de boule qui me tordait l'estomac. On a fini par retourner à la surface, pour découvrir ce qu'il restait du monde, ce qu'il restait de la ville, de notre chez nous. Avec ma tante, on a fini par rejoindre ce qu'était notre maison jadis, qui était désormais en ruine, on a commencé à tenter de survivre comme on pouvait, c'est là que j'ai commencé à m'endurcir. Après tout, j'étais un homme désormais, et je comptais bien prendre soin de la seule famille qui me restait.

Désormais, les choses ont bien changé. Je me suis vite habitué à cette nouvelle vie, c'est comme si je n'avais connu que ça, comme si tout était normal. Je me suis parfaitement bien adapté et j'ai une place qui n'est pas dégueulasse dans la société. Je ne suis pas non plus riche, mais disons que je me débrouille. Certaines missions payent mieux que d'autres, on pourrait dire que je suis en quelque sorte dans la classe moyenne, mais si officiellement cette dernière n'existe pas. Ma tante est morte il y a pas mal d'années désormais. Il faut dire qu'au vu des conditions d'hygiène, beaucoup de maladies sont revenues nous hanter et elle n'a pas pu s'en sortir, nous n'avions à l'époque pas les moyens de la soigner. J'ai vécu seul pendant longtemps, à enchaîner les aventures, un bon paquet d'aventures même, mais je n'avais pas envie de me caser avec qui que ce soit. La peur de perdre à nouveau quelqu'un peut-être ? Bien que je n'aie jamais voulu poser une explication sur ce choix, trop peur de m'interroger vraiment, de savoir où j'en étais. Depuis plusieurs années, j'ai fini par me caser et au final, cela me convient, j'ai même retrouvé ma sœur, cet heureux hasard qui a voulu que nous nous retrouvions dans la même ville. Je ne dirais pas que je suis heureux, je ne l'ai jamais vraiment été, mais ma vie me convient comme ça. Même si je ne peux m'empêcher d'avoir des rêves, des espoirs, des envies de temps à autre, ce que je me contente de faire, c'est de vivre au jour le jour et pour le moment, cela me réussit plutôt bien.